2 décembre en Russie.
Sans surprise, Poutine et ses séides emportent un scrutin qui tient plus du referendum que d'une élection législative. Mais je suis toujours surpris par les commentaires des journalistes français sur ce type d'élections.
Jamais il n'est rappelé que le suffrage universel ne suffit pas à la démocratie et que des régimes dictatoriaux s'accomodent fort bien des élections et affectionnent même les plébiscites et autres referendum.
Sous le Second Empire, on votait régulièrement, au suffrage universel. Or, nul ne peut dire que le régime institué par Napoléon III après un coup d'Etat ( tiens, c'était aussi un 2 décembre ) était démocratique.
Les pères fondateurs de notre République, les Jules Ferry et compagnie, avaient compris que la démocratie repose sur trois piliers et que l'absence d'un seul de ces piliers flanque par terre l'édifice républicain.
Premier pilier, c'est évident, le suffrage universel, encore que le vote des femmes ne date que 1945 en France. Ce pilier existe en Russie c'est incontestable.Encore que la fraude...
Deuxième pilier, la formation des électeurs. L'élection n'a pas de sens si les électeurs ne sont pas des citoyens capables de jugement autonome. Former son opinion par soi même demande le passage par l'école libre et gratuite et l'éducation de tous est d'abord une mesure politique visant à briser l'asservissement des consciences. Les Russes reçoivent une éducation, c'est indéniable.
Troisième pilier : les libertés démocratiques. Il n'y a pas de démocratie sans la liberté d'opinion, sans presse libre. Ce pilier est absent en Russie. La prise de contrôle des médias par le tsar Poutine, l'assassinat des opposants, les menaces subies par l'opposition disqualifient donc la Russie du titre de démocratie.