Peu de gens imaginent la charge de travail d'un maire. En gros, on fait une première journée avec les rendez vous institutionnels : mairie, CASE, conseil général, préfecture, de 9 à 18. Puis une seconde journée politique avec les réunions d'élus, de 18 à 22 h 30. Pas de week end : permanences, vie associative, évènements locaux sont programmés le samedi et le dimanche.
J'aurai bien tort de m'en plaindre, car j'ai choisi la vie que je mène et j'en suis très heureux. Mais en campagne électorale, ce rythme intense devient frénétique et l'on oublie souvent que l'essentiel, c'est aussi sa famille. Le jour de Noël, ce n'est pas assez.
Alors, hier, j'ai fait l'école buissonnière, volé 4 heures à la politique pour me promener avec mon père dans le berceau de la famille Martin : Fécamp, son port, ses bateaux...
Une escapade bienheureuse avec Ernest, le docteur Martin, mon père. Un homme qui me comprend d'autant mieux qu'il m'a transmis le flambeau de l'action politique.
INCROYABLE MAIS VRAI
Et nous avons ri comme père et fils lorsqu'il m'a raconté l'incroyable : un coup de téléphone de Pierre Vandevoorde ( LCR ) lui demandant de soutenir la liste trotskyste de Gérard Prévost !
Vraiment, la LCR a un problème de calendrier : un retard de plus d'un quart de siècle. Voilà qu'ils se réclamet aujourd'hui de la politique municipale inspirée par mon père entre 77 et 83 !
Une politique que la LCR attaquait durement à l'époque, car "réformiste" , "petite-bourgeoise ", pas assez "révolutionnaire" et trop "culturelle" ! Trente ans, c'est le temps qu'il faut à un gauchiste pour commencer à comprendre.
La semaine dernière, dans la Dépêche, ils ont déclaré à mon endroit que les gènes de gauche n'étaient pas héréditaires ! En couvrant de louanges Ernest Martin, en prenant sur leur liste un vénérable anarchiste de l'époque CAG, nos gauchistes veulent me mettre en contradiction avec mon père et récupérer politiquement son action et ceux qui l'ont suivi. Ce sera peine perdue.
J'ai mis mes pas...
Qu'on le veuille ou non, j'ai mis mes pas dans les pas de mon père.
Car son but et le mien restent le même, avec des moyens différents parce que l'époque est différente.
Le credo du père reste le credo du fils : par l'action municipale concrète, créer un environnement qui favorise l'épanouissement du potentiel humain de chaque individu. Cet épanouissement de l'individu le transformera en citoyen actif. L'individu s'épanouit en citoyen en prenant en charge la société, en se montrant solidaire et responsable.
Il y a des nuances : mon père mettait l'accent sur le domaine de la petite enfance, je privilégie la prise de responsabilité par la démocratie participative ( commissions de quartier...)
Cela n'a rien à voir avec les dogmes gauchistes, la fondation d'un parti anticapitaliste d'avant-garde et autres fariboles léninistes, comme la dictature du prolétariat et la révolution par la violence : ces mots de 1917 étaient déjà vieux en 1977.
Mon père a mené une politique municipale audacieuse et constructive à son époque. C'est bien de le découvrir , trente ans après. Mais pourquoi le copier sottement alors que le monde a profondément changé ?
On n'est plus à l'époque du programme commun, de l'avant-Mitterrand, du Vietnam. Mes valeurs et mes principes n'ont pas changé, mais ma politique municipale est celle de la gauche moderne, comme le fut celle d'Ernest Martin en son temps. On ne gère pas une mairie comme avant les lois de décentralisation et l'intercommunalité.
Pour l'anecdote : mon père a été maire entre 1965 et 1969. Une coalition partisane du PCF et de la droite de Rémy Montagne a mis fin prématurément à son premier mandat. Etre attaqué par l'ultra gauche et par la droite est une tradition familiale... que j'assume joyeusement.