Dans une salle bien trop petite pour contenir ceux qui avaient fait le déplacement, 150 ou 200 personnes se sont livrées à un formidable exercice de démocratie locale.
Un cas d'école...
Le sujet est parfaitement concret et intéresse tout le monde : faut-il ressusciter une voie ferrée fermée depuis 50 ans ?
Pourquoi ? A quels coûts ? Pour quels bénéfices ? Quels changements attendre dans les comportements, la vie quotidienne des éventuels usagers et des riverains actuels de la voie désaffectée ?
L'assistance avait du talent ! Les questions ont fusé...
Comment équilibrer le point de vue local et le point de vue global ? N' y a-t-il pas de solutions alternatives, plus fines, plus efficaces et moins menaçantes pour la qualité de vie des riverains ?
Bref, le temps d'une soirée, nous étions à la hauteur d'un vrai débat citoyen sur une décision publique.
Faut-il faire, ne pas faire, faire autrement ?
Ma proposition
A l'issue de la réunion, j'ai pu donner ma proposition. Elle est claire :
• Abandon du
tracé Rouen-Evreux par la vallée de l'Iton, au profit du tracé passant
par Serquigny.
• Densification du système Transbord pour rabattre les
usagers de la CASE vers un tram-train circulant sur l'axe structurant Louviers-Val
de Reuil par les zones d'emploi.
• Création d'un tracé tram-train partant de la CASE, puis desservant Elbeuf, le Madrillet
et se connectant au réseau TEOR de l'agglo de Rouen.
Une réunion constructive
Ce furent 2 heures 30 de réunion constructive, dont on aurait bien tort de ne retenir que les quelques instants de dérapage hors-sujet, provocations politiciennes de candidats anti-Martin, piégés par l'incohérence de leur position et leur maladresse à masquer leur véritable objectif.
Dans un premier temps, j'avais beaucoup d'informations à fournir aux citoyens. Depuis juillet, la Case s'est emparée du sujet. A notre initiative, les techniciens de la Région ont présenté l'étude de faisabilité devant les élus. La CASE est un organisateur majeur de transports collectifs ( plus d'un million de voyages/an ) ce qui nous donne quelque compétence pratique sur le sujet, notamment en termes de flexibilité de l'offre et d'évaluation de la demande de transports.
J'ai suivi avec attention les réunions organisées par le conseiller général d'Evreux Michel Champredon. Enfin, il y a quelques semaines, la Région à organisé un déplacement sur la ligne Rouen-Dieppe pour faire valoir son projet auprès des élus.
Ensuite, j'avais invité un homme remarquable, M.Lemoine, travaillant à la SNCF. Son exposé fut passionnant et fortement argumenté.
Monsieur Lemoine a élaboré une solution alternative tout à fait complémentaire avec ma propre proposition.
Complémentarité
Pour la liaison Evreux-Rouen en direct, les avantages du tracé par
Serquigny semblent évidents. Cela permet de laisser tranquille les
vallées d'Iton et d'Eure et de développer le tram-train à Louviers Val de Reuil. La CASE réfléchit depuis des années à un système tram-train desservant finement les zones d'habitat dense et les zones d'activité économique, le long de l'axe structurant Louviers Val de Reuil. Il faut étudier la possibilité de desservir la rive gauche par un cabotage tram-train : CASE-Elbeuf-Université du Madrillet, connection avec le réseau TEOR de l'agglo rouennaise. Symétriquement, l'agglo d'Evreux devrait réfléchir à ce système tram train pour rabattre les usagers vers sa gare.
Doubler les temps de trajet ?
La comparaison faite par la Région avec la ligne Rouen-Dieppe et ses 1250 passagers/jour n'est pas pertinente : la ligne Rouen Dieppe n'a jamais fermé et l'habitude de prendre le train a toujours perduré. Les mentalités et comportements changent lentement et à condition que l'usager trouve un avantage à changer de mode de transport.
Or, pour les habitants de la CASE, la réouverture de la voie ferrée offre peu d'intérêt du fait des faibles distances parcourues en train et de la rigidité du système, qui doublera, au minimum, le temps de trajet Pour aller à Evreux, combien accepteront de prendre d'abord la voiture, la laisser sur un parking, attendre sur un quai, prendre un train, à l'arrivée attendre un bus et finalement marcher pour se rendre à son travail ?
Tout indique que sur une aussi courte distance, on doublerait - au moins - le temps de trajet actuel CASE-Evreux ou CASE Rouen, du domicile au travail, sans offrir la souplesse offerte par le véhicule individuel pour récupérer les enfants ou faire les courses après le travail. On peut certes attendre un transfert vers le train de ceux qui n'ont pas de véhicule et utilisent les autocars...
La solution train est efficace en zone d'habitat dense, dotée d'un
réseau fin de transports collectifs rabattant les usagers vers la gare
: on trouve un arrêt de métro, de tramway ou de bus à quelques
centaines de mètres de chez soi pour vous amener à la gare, puis, à
l'arrivée, de la gare au lieu de travail.
Ce réseau n'existe pas ou peu. Peut-on le développer en zone d'habitat diffus ? C'est peu probable, mais c'est une question essentielle à poser dans les futures études...