J'adore Clemenceau. J'ai toujours été fasciné par cet homme, honni par la gauche bien-pensante, mais qui fut l'âme de la défense de Dreyfus avec Zola, autre dieu de mon panthéon.
J'ai nourri cette passion de la lecture de nombreuses biographies, dont celle de Jean Baptiste Duroselle, la référence.
C'est peu dire, car je croyais le sujet clos, que j'ai été surpris de voir paraître la biographie de Clemenceau par Michel Winock, l'un des meilleurs historiens contemporains.
Et j'ai éclaté de rire en lisant son avant-propos.
Jugez en :
" La nouveauté, c'est l'époque où nous vivons... L'échec historique du marxisme pousse la gauche à reconnaitre aujourd'hui ceux des siens qu'elle avait frappés d'ostracisme pour manquement à la doctrine de la lutte des classes et de la révolution prolétarienne.
Clemenceau a été un homme de gauche maudit par la gauche...
En voulant tirer Clemenceau de cette légende noire, je ne prétends pas qu'il puisse fournir les clés théoriques de la refondation de la gauche postmarxiste. Cependant son histoire nous rappelle qu'il a existé une autre gauche : la gauche républicaine.
Une famille politique issue de la révolution de 1789... et des valeurs qui ne sont pas hors de saison : l'esprit démocratique, l'impératif laïque, l'amour de la patrie, l'individualisme philosophique doublé du réformisme social."
En d'autres termes, un cycle se termine. Clemenceau, radical fourbu, a été enfoui par l'essor d'une gauche moderne, le socialisme.
Aujourd'hui, Clemenceau redevient d'actualité. La gauche républicaine postmarxiste, le radicalisme, porte la modernité en marche, alors que le socialisme, à son tour, est devenu une pensée archaïque.
Le spectaculaire hold-up du PS sur les fondamentaux radicaux - voir "la déclaration de principes", prologue de leur congrès - en fournit la preuve évidente.
Vive Clemenceau ! Et lisez Michel Winock !