Au conseil municipal comme ailleurs, un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Je ne parle pas du spectre de Michel Doucet, fantôme qui a signalé sa présence lundi soir par une puissante odeur de cigare, flottant sur les courants d'air, réveillant la nostalgie de ses anciens copains. Que la gauche était belle au temps de l'union et des cigarillos des Doucet...
Mais voilà : Gérard Prévost n'était pas là et, comme il fait désormais partie des meubles, il nous a manqué, dans son robuste nihilisme.
Dans le registre de l'anti-tout, les socialistes ont bien tenté de faire entendre une petite musique, mais leur modeste flûtiau n'a pas remplacé la grosse caisse trotskyste, plus tonique car plus cohérente : être contre tout, c'est simple, facile et garantit une paisible place d'élu, fastoche et vite fait, avec le sourire mais sans espoir d'être jamais majoritaire et responsable.
Tout autre est le spectacle offert par les socialistes, douloureusement à contre-emploi. Croient-ils encore à leur stratégie de division de la gauche ? Ont-ils fait le deuil de leur défaite ?
Ils persistent à clamer que non, que perdre leur place au sein de la majorité d'union de la gauche était une habileté supérieure voire suprême... que faire gagner l'UMP aux cantonales était le bon choix contre Sarkozy. Il n'y a qu'un Jean Charles Houel, cerveau choc, l'Achille Talon ou le talon d'Achille du PS, pour y croire. Voir video
Après un tel naufrage, faute d'idée de rechange, on rabâche, on rabâche, mais on ne convainc personne.
Prenons le domaine de la culture populaire, présenté au menu de lundi soir.
Est-il crédible de ressasser, après un débat tranché par l'élection, les mêmes sornettes que François Loncle proférait déjà il y a dix ans contre la Scène Nationale Evreux-Louviers ?
Alors que l'action de longue durée conduite grâce à ce magnifique outil de diffusion culturelle porte maintenant des fruits, éclatants de réussite, et que le maire socialiste d'Evreux va largement développer sa coopération avec Louviers dans la Scène Nationale.
François Loncle a eu la prudence de démissionner du conseil municipal, comme il avait la prudence de ne sussurer qu'en privé ses critiques d'un autre âge. Mais aujourd'hui ?
Des gens qui se disent de gauche espèrent-ils gagner en suivant une ligne poujado-ruralo-droitière pendant 6 ans : la culture coûte trop cher, tout ce que fait la ville coûte cher... Est-ce un langage qui ralliera les masses populaires, si chères à nos fabiuso-molletistes ? J'en doute.
Car, en face d'eux, nous poursuivons sereinement une véritable action de gauche, dont ils ne peuvent se démarquer puisqu'ils ont contribué à la construire avec nous pendant 12 ans. Cette action bénéficie de la confiance de la population - faut-il encore le démontrer ? - parce qu'elle est la meilleure possible pour Louviers. Alors...
Forcément débordés à gauche par les trotsk' , forcément débordés à droite par l'UMP, on les sent bien mal à l'aise sur le fil, nos maladroits équilibristes !
Incroyable, mais vrai : Olivier Aubert, qui prend ses marques d'opposant assez efficacement, se paie le luxe d'un discours plus à l'aise et moins à droite que Renoncourt.
Résultat : au conseil municipal, curieusement, ce n'est pas la
municipalité qui est sur la défensive... bien au contraire.
Si le PS ne se ressaisit pas, la sanction qu'il a connue n'est rien à côté de ce qu'il subira dans six ans.
A moins qu'ils n'écoutent la voix de la raison, celle du retour à l'union par la voie du dialogue avec la gauche majoritaire.