Quatre députés socialistes - qui ont voté non - disent tout haut ce que tant de parlementaires PS pensent, sans oser le dire, notamment que :
" Le PS doit s'interroger sur sa stratégie de
parti d'opposition. Sa disqualification résulte de son incapacité à
s'abstraire d'une forme d'anti-sarkozysme pavlovien qui le conduit à
s'opposer systématiquement à tout projet émanant du président de la
République.
Cette ligne de conduite est dangereuse et fait le jeu de
celui qu'elle prétend combattre. Elle nous éloigne des Français qui
n'écoutent plus un parti réfugié dans une opposition caricaturale.
Elle
crédibilise un discours purement protestataire. Elle n'incite pas à
rechercher des solutions alternatives."
A Louviers, la gauche connait les tristes résultats de cette attitude archaïque.
Certes, la gauche moderne l'a emporté haut la main, mais la division de la gauche perdure. C'est regrettable. Je prends patience... et je persiste à tendre la main aux socialistes égarés mais sincères : leur place est avec nous, à gauche.
J'ai demandé officiellement, depuis des mois, à rencontrer la section socialiste de Louviers, mais apparemment, les jusqu'au boutistes ont peur d'une simple demande de dialogue : ils préfèrent l'alliance avec les hurleurs de rue.
C'est bien le fruit amer de cette "immaturité politique" dont parlent les députés socialistes modernes, dans le texte publié hier.
Extraits de la tribune publiée dans Le Monde par MM.Valls, Carresche, Le Guen, Gorce.
" L'adoption de la
réforme constitutionnelle conduit à s'interroger sur la pertinence de
la stratégie du Parti socialiste. Au final, il n'aura été ni en
capacité de faire échec à cette réforme ni en situation de l'infléchir.
Ce résultat est le fruit d'une double erreur d'appréciation.
La
première est d'avoir considéré que l'opposition était en mesure de
réunir une minorité de blocage puisqu'une majorité qualifiée de trois
cinquièmes est nécessaire pour l'adoption d'un texte de nature
constitutionnelle. L'attitude du PS a été guidée par l'idée qu'il était
possible d'infliger une défaite au président de la République ou, tout
au moins, de ne pas "lui donner une victoire". En posant des
conditions, notamment sur le Sénat, qu'il savait impossible à
satisfaire par le gouvernement et la majorité, le Parti socialiste
s'est mis, d'emblée, en situation de ne pas voter ce texte.{...}
L'autre erreur
d'appréciation concerne le contenu de la réforme elle-même. Obnubilés
par la pratique institutionnelle "hyperprésidentielle" de l'actuel
président de la République, les socialistes ont voulu voir dans cette
réforme la volonté d'inscrire dans la Constitution le renforcement des
pouvoirs présidentiels. Cette perception est pour l'essentiel erronée.
Le président de la République ne gagne aucun pouvoir nouveau, hormis
celui de s'exprimer devant le Parlement réuni en Congrès.
Il faut
beaucoup de mauvaise foi pour considérer que cette disposition
symbolique, très en retrait par rapport au souhait de Nicolas Sarkozy
de pouvoir s'adresser à tout moment à chaque Assemblée, bouleversera le
régime. En revanche, un certain nombre des pouvoirs du président sont
encadrés comme celui de nomination. On peut discuter du degré
d'encadrement du dispositif proposé, mais il est difficile de le
récuser alors que, durant quatorze ans, François Mitterrand et les
socialistes se sont accommodés du système actuel.
En réalité,
cette réforme s'est attelée à revaloriser les pouvoirs du Parlement et
à donner des droits nouveaux aux citoyens. Ce choix a été celui du
comité Balladur qui, à juste titre, a estimé que l'urgence était de
palier le déséquilibre né de l'adoption du quinquennat et de
l'inversion du calendrier électoral. Face à la toute-puissance de
l'exécutif, il est impératif de donner plus de pouvoirs au Parlement,
notamment en matière de contrôle.
Certains regrettent que cette
évolution se fasse au détriment du premier ministre. Outre qu'il paraît
difficile de revaloriser le Parlement sans restreindre les pouvoirs du
gouvernement, il aurait fallu, pour que cette critique soit pertinente,
être en mesure de trancher la question de la nature du régime. Le PS ne
l'a pas fait, laissant coexister en son sein ceux qui sont favorables à
une présidentialisation de la Ve République et ceux qui
privilégient le renforcement du premier ministre et une évolution
primo-ministérielle. D'autres considèrent que la revalorisation du
Parlement profitera d'abord au groupe majoritaire. C'est en grande
partie vrai, mais faut-il s'en offusquer ? Sauf à remettre en cause le
fait majoritaire ou à considérer pour l'opposition qu'elle a vocation à
rester cantonnée dans ce rôle, il n'est pas illégitime que la majorité
élue par les Français ait les moyens de gouverner, ce qui n'est pas
incompatible avec un statut de l'opposition !
Aucune objection de
principe ne permet donc de refuser l'approche préconisée par le comité
présidé par Edouard Balladur. Sur bien des points, la réforme proposée
apportait des réponses, certes perfectibles, mais attendues depuis de
longues années par de nombreux parlementaires. Plutôt que de se
réfugier dans une attitude négative et stérile, il valait mieux se
mettre en disposition de les discuter sérieusement afin d'aboutir à un
compromis.
Dans les grandes démocraties, cet exercice aurait été
mené naturellement et sereinement. Chacun aurait compris que s'agissant
de la loi fondamentale, la majorité et l'opposition recherchent dans la
transparence un accord permettant à la démocratie de progresser. Dans
notre pays, cette discussion a donné lieu, de part et d'autre, à des
procès d'intention qui témoignent de l'immaturité de notre vie
politique. Le président et sa majorité ont leur part de responsabilité
dans ce qui apparaît, malgré le vote de la réforme, comme une occasion
manquée.{...}
Il
n'en reste pas moins que le PS doit s'interroger sur sa stratégie de
parti d'opposition. Sa disqualification résulte de son incapacité à
s'abstraire d'une forme d'anti-sarkozysme pavlovien qui le conduit à
s'opposer systématiquement à tout projet émanant du président de la
République. Cette ligne de conduite est dangereuse et fait le jeu de
celui qu'elle prétend combattre. Elle nous éloigne des Français qui
n'écoutent plus un parti réfugié dans une opposition caricaturale. Elle
crédibilise un discours purement protestataire. Elle n'incite pas à
rechercher des solutions alternatives.
Au moment où la France
connaît des défis majeurs, les Français n'attendent pas seulement que
le Parti socialiste dénonce une politique inefficace et injuste, mais
qu'il aide notre pays à surmonter ses difficultés. Cet exercice est
exigeant face à un président de la République dont le style et
l'omniprésence sont des incitations permanentes à s'offusquer. Raison
de plus de ne pas y céder comme nous l'avons hélas fait sur la réforme
des institutions.