Une nouvelle fois, le PS trahit les espoirs que toute la gauche lui demande de porter. Le grand vainqueur du congrès de Reims est Nicolas Sarkozy. Et la victoire possible de Martine Aubry consacrera l'abandon de toute ambition socialiste de gagner les élections en 2012, la présidentielle dictant le résultat des législatives. Entre la carpe Fabius et le lapin Aubry, le seul ciment sera le conservatisme, le retour aux années 50.
C'est le retour du molletisme, l'impuissance en plus : un discours fermement "ancré à gauche" pour déguiser un consevatisme assumé, sans la moindre idée neuve. Le PS va rester ce qu'il est depuis tant de défaites à la présidentielle : un parti d'élus locaux qui protègent leurs mandats en refusant toute ouverture, pour gérer des acquis en peau de chagrin... Un parti où l'on préfère comploter pour égorger son camarade pour une place de secrétaire fédéral, une vingt cinquième place sur la liste des régionales plutôt que de combattre la droite autrement qu'en paroles martiales, vide de tout contenu réel. Souvenez vous : trois candidats et deux listes PS aux municipales d'Evreux !
Pour une fois, la section de Louviers avait donné le la, anticipant sur l'esprit de Reims par un glorieux fait d'armes : donner le canton de Louviers à l'UMP, Houel avait trahi les espoirs de la gauche, afin de venger la susceptibilité froissée de François Loncle. Quelle belle victoire que l'élection d'Auzoux et combien symbolique de ce qui se passe au PS.
Houel, Loncle, Renoncourt : de bien tristes précurseurs, tristes hérauts de l'état d'esprit de ce congrès de Reims qui donne un boulevard à la droite pour de longues années. Rien d'étonnant à ce qu'ils hurlent leur haine du changement : la nostalgie des années Mitterrand leur tient lieu de bréviaire et le congrès de Rennes fut leur lutte finale, leur suprême assomption. Le vieux meurt, le nouveau ne peut pas naitre.