Après la foire aux vanités, l’entrée en piste de Martine Aubry ouvre le bal des illusions. Après le congrès de Reims, le PS va faire illusion, le temps d’un feu de paille, embrasé dans les médias par la présentation d’une nouvelle direction, d’une campagne d’adhésion et d’un plan de com’ ad hoc. Mais cette embellie – provisoire - masquera la réalité du pacte faustien qui a scellé l’alliance anti-Ségolène. Perdre globalement pour gagner localement, c’est le choix de Reims.
Pour « sauver le parti », celui des éléphants et des baronnies locales, le PS a fait le choix du conservatisme et de l’immobilisme, faisant une croix sur la prochaine élection présidentielle. La stratégie du PS c’est désormais : la droite conduit la France, la gauche gère les territoires.
Si on ne comprend pas cela, on ne comprend rien au congrès de Reims. Sans la bonne grille de lecture, personne ne peut compre l’alliance de la carpe et du lapin, l’alliance du néo-gauchiste Hamon avec le néo-libéral Delanoe, l’alliance du surineur de l’Europe, Laurent Fabius, avec la fille de Jacques Delors, si on ne comprend bien cette stratégie vitale : la survie du parti des élus locaux contre celle qui veut le lancer à l’assaut de l’Elysée.
Avant le congrès de Reims, nous attendions tous que le PS se dote d’un leader et d’une ligne politique claire. Etapes indispensables avant de féderer ses partenaires de gauche autour de la co-production d’un projet crédible, capable de rassembler une majorité à l’écheance présidentielle de 2012. Rien de tout cela ne s’est produit, le vieux parti a résisté au vent du changement. Comment croire que l’union des contraires va produire un projet sérieux et crédible ?
Depuis le départ de Mitterrand, la droite conduit la France, la gauche gère le territoire. Et l’on ne comprend rien à l’alliance hétéroclite qui s’est formée autour de Martine Aubry si l’on ne voit que ce pacte conservateur a pour but de sauver le PS des élus locaux, celui des fiefs et baronnies, menacée par la stratégie Royal, qui vise la présidentielle avant tout. Que va-t-il se passer dans les mois à venir ?
Le discours flamboyant de l’ancrage à gauche et la comédie de l’opposition frontale cristallisera les mécontentements au dépens du gouvernement. La gauche peut s’attendre à gagner… les prochaines élections partielles ! Et probablement les régionales et cantonales. C’est tout.
La droite pilotera l’Assemblée Nationale, le Sénat, la Présidence de la République, responsables de l’avenir de la France. La gauche conservera la plupart des régions. Faut-il se résigner à la défaite en 2012 ?
Non. Je pense que les élections européennes peuvent provoquer une redistribution des cartes. Car la ligne de partage sur l’Europe concerne à la fois Bayrou et Cohn-Bendit… On en parle bientôt.