Un petit vous taisez, dames ! C'est grand merveille
D'ouïr ces oiselets, le zizi, le lulu,
La jangle du bouvreuil, le caquet résolu
Du gaillard pinsonnet qui me perce l'oreille.
La grive et le moqueux entonnent un canon,
Tandis que va mêlant ses deux notes dolentes
Aux roucoulements lointains des tourtres roucoulantes
Le coucou qui ne sait que redire son nom.
Mais déjà je n'ois plus, si ce n'est par bouffées,
Le jacque jargonner ni hennir le poulain,
Tant aigre est le babil de ces chèvres coiffées,
Bavardes comme horloge et claquet de moulin...
poème d'André Mary
Je marchais dans Louviers ce matin. Au bas de la rue Saint Germain, où je loue un hangar, le soleil prenait en enfilade trois façades, accrochant un pâle rayon d'hiver sur la villa Calderon, la maison de la petite enfance, le dos massif du théâtre, le Grand Forum.
Avant l'arrivée de mon équipe municipale, rien de cela n'existait.
Louviers se transforme, nous pesons sur son avenir du poids concret de nos réalisations, que j'ai l'immodestie de voir belles, bonnes et utiles à tous.
Là est ma force et mon bonheur : avoir été utile, aider collectivement mon prochain, aimer ma ville et la cultiver comme un beau jardin.
Mais le prix à payer est lourd, je vous le dis.
On ne sort pas indemne des bains de boue, de fumier et de venin de la vieillerie politicienne.
Zola dirait pourtant que ce fumier est nécessaire pour féconder le terreau des plus belles récoltes de l'humanité. Il faut le croire, mais... à la fin, on est las de ce monde ancien.
Croyez vous que j'aime la mesquinerie, la violence et la bêtise épaisse de tant de mêlées politiques ? J'y participe, c'est vrai, j'ai parfois la main lourde à la riposte, j'en conviens.
Qu'on me dise le moyen de faire autrement ?
C'est vrai que je suis très méchant : quand on m'attaque, je me défends... Et si l'on touche à mon équipe ou à mon honneur, je suis sans pitié.
Mais on ne peut prendre de la hauteur, de la sérénité tout seul... calmer un jeu qui n'a d'arbitre que tous les 6 ans... Nul n'est zen face aux coups bas.
Sauf à cultiver ce qui m'est totalement étranger : l'hypocrisie, la servilité, le mensonge.
Croyez vous qu'il me plait, chaque mois, en entrant dans la salle du conseil municipal, d'être certain d'affronter les volées de flèches empoisonnées partant de trois côtés sur quatre ?
Le but des opposants n'est pas de construire, ni même de débattre, mais de mettre la municipalité en difficulté, en trucidant allégrement vérité et bonne foi dans les arguments !
Pour se plaire dans pareil cirque, il faudrait avoir vocation de charmeur de serpents... à sornettes. Désolé, je n'aime ni les serpents, ni les sornettes.
Alors oui, je suis un homme passionné et je défends avec passion le travail de mon équipe et les progrès accomplis par Louviers. Tant pis si la presse s'apitoie, en priorité, sur le sort des serpents à sornettes...