Chaque matin, tapi dans l’ombre de la jungle lovérienne, un petit serpent à sornettes crache quelques gouttes de venin dans ma direction.
Sa retraite de plumitif l’avait plongé dans un profond oubli. Divine surprise des temps modernes, Internet lui offre l’occasion de se sentir encore vivant.
Son triste blog lui tient lieu de miroir. Et de crachoir.
Grand bien lui fasse ! Ce serpent à plume a tant besoin de haïr ! Haïr, pour échauffer un sang de reptile, déjà bien refroidi. Haïr pour partager, avec une maigre poignée de lecteurs, la plus commune et la plus basse des passions : salir et trahir. Trahir en salissant. Salir en trahissant.
Salir ceux qu’il n’a pas réussi à être : élu du peuple. Elus lovériens dont le dur, l’immense travail est aussi invention, création, source de joie trouvée dans l’action, au service des autres. Ce dont le serpent est incapable. La genèse de sa bile gît-elle dans cette impuissance intrinsèque ?
Notre petit serpent doit haïr. Haïr pour oublier le regard blessé des amis qu’il n’a de cesse de trahir. A commencer par lui-même, et la promesse qu’il fut, dans sa jeunesse anarchiste.
Qu’as-tu fait toi que voilà, crachant sans cesse,
Qu’as-tu fais toi que voilà, de ta jeunesse ?
Dans les années 68, ma famille l’accueillit en son sein. Il avait vingt ans. Sa jeunesse en fit quasiment mon grand frère, en tout cas un ami. Plus tard, nous fûmes collègues en journalisme.
Oui, le serpent et moi avons en commun un point de départ.
Mais, comme tous les hommes d’un certain âge, nous avons presque fini aujourd’hui de suivre notre pente. L’un en montant, l’autre en descendant.
En politique, il y a deux voies : construire, agir, proposer ou bien casser, démolir, critiquer. J’ai choisi la première, il a choisi la seconde.
Il a choisi de cuire sa petite soupe au feu de braises déjà éteintes par Mitterrand.
De mijoter des haines régressives de soixante-huitard, de combattre les moulins à vent d’avant-guerre froide, régressant des illusions aux turpitudes, de mai 68 à Guy Mollet !
Oui, elle est bien loin la flamme révolutionnaire, l’idéal des barricades lorsqu’on se présente à gauche aux cantonales… pour faire sciemment élire un conseiller général sarkozyste ! Et faire subir une raclée à la liste socialiste aux municipales.
Se haussant du col après ce bel exploit, il veut, à toute force, devenir mon ennemi politique. Mais… je ne boxe pas dans la catégorie des nuisibles ! Je choisis mes ennemis, toujours parmi ceux qui sont plus puissants que moi.
Le pauvre serpent à plume ? Une pluie acide, une nuisance oui, un ennemi, non.
D’autant qu’à l’instar de De Gaulle, inspiré par Shakespeare, je tiens qu’être grand, c’est soutenir une grande querelle. Pas se rouler dans la fange des petites trahisons. Je lui laisse cette bassesse.
Dans une section locale décimée par l’échec, étant seul capable de produire des textes publics, le serpent à sornettes a pris la direction occulte du PS local. et l’a conduit… droit dans le mur. Son bilan est vite fait : il a cassé l’union de la gauche à Louviers et fait gagner un siège à l’UMP : Guy Auzoux !
Bravo, l’artiste ! Quel
haut destin ! Sur la route de Pacy, le PS a enfin trouvé son Lénine...
On a le droit de se prendre pour Machiavel… à condition de réussir !
Etre constamment battu n’est pas une preuve d’intelligence. Sauf pour
les masochistes.
Ecoutez bien, c’est oracle ce que je dis : il ne sera jamais élu. Pourquoi ? Il suffit de lire ce qu’il écrit au jour le jour : une théorie de l’impuissance. Certes, il n’est pas seul… Cette maladie devient chronique rue de Solférino. Ce n’est pas mon propos, aujourd’hui...
Journaliste, animal social, notre serpent à plume n’a jamais su exister hors de la quête maladive du regard des autres. Travailleur, omniprésent sur toutes les scènes publiques, jamais il ne fut capable de ce qui fait le bon journaliste : l’humilité de s’effacer derrière les faits.
Chaque article de La Dépêche fut une mise en scène de son ego, chaque reportage l’occasion de se poser, non en Grand Inquisiteur – jamais il n’eut cette envergure, ce noir talent - mais en petit donneur de leçons, prodigieusement ennuyeux, effroyablement rasoir.
En trente ans, sa plume n’a jamais produit une idée neuve, une analyse originale, une réflexion propre. Si je me trompe, qu’il publie la preuve du contraire, je ferai amende honorable !
Cette impuissance ne s’arrange pas avec l’âge. C’est pourquoi je ne lis jamais son blog, n’ayant guère de temps à perdre. C’est aussi une hygiène de vie : pas d’amertume dans ma tasse de thé !
Il y a vingt-cinq ans, j’ai fait un choix : passer des promesses de l’aube au grand midi de l’action concrète, simple et lisible, au service de tous. Devenir un homme de progrès.
Maire, conseiller général et régional, président d’agglomération, j’ai été, je suis un tout petit acteur, celui d’une histoire politique locale.
A cette aune, je serai jugé, un jour. Et ne crains pas le jugement qui sera porté. Le progrès n’est pas un mot, mais des actes. A Louviers, ils sont visibles. Avec mes limites, mes défauts, grâce à mes amis, j’ai fait progresser ma ville, au service de ses habitants.
Par ailleurs, dans la droite ligne de Mendes France, je propose une autre voie à gauche : celle de la gauche moderne. Contre la gauche grincheuse et impuissante, j’ai choisi l’ouverture à la réalité – et la beauté - du monde. J’ai choisi la gauche de la réussite.
Que m’importe le reste ? A cinquante-trois ans, j’ai le cuir assez épais pour ne pas sentir le venin d’un ex-serpent à plume, devenu serpent du clavier.
Mais, me direz vous, pourquoi écrire cette note ?
Parce que cet ancien journaliste, libéré de l’exigence déontologique de sa hiérarchie, se consacre désormais pleinement à la désinformation.
Un affreux serpent à sornettes...
Alors, de temps en temps, mes amis m’alertent et me demandent d’intervenir. Ne serait-ce que par hygiène, pour assainir le climat politique de ses miasmes.
Il ne s’agit pas de régler des comptes, il s’agit de rétablir la vérité, dans sa nudité et sa simplicité.
Rétablissons donc la vérité à propos de la subvention municipale aux organisations syndicales ! ( à suivre ! )