On fait grand bruit autour de ma rencontre avec Corinne Lepage.
On devrait en faire encore plus !
Car lorsque des politiques abandonnent le jeu de rôle, le théâtre d'ombre et la langue de bois, il se dit des choses passionnantes et le dialogue peut être constructif. Ce fut le cas lors de cette rencontre.
Par sa personnalité, son parcours, les valeurs qu'elle défend, je crois qu'il est plus intéressant de parler à coeur ouvert avec madame Lepage, d'écouter ses réponses aux questions que tout le monde se pose, plutôt que de jeter mécaniquement l'anathème, refuser tout dialogue et alimenter sa "réflexion" auprès du serpent à sornette local.
Certains hurlent à la trahison, mais ce sont les mêmes qui ont fait élire un conseiller général UMP à Louviers, au lieu de soutenir le sortant de gauche. Qu'ils balaient devant leur porte d'abord.
François Bayrou est considéré par les Français comme le meilleur opposant à Sarkozy. C'est un fait.
Alors l'alliance avec le Modem ? Pas forcément, mais le dialogue avec les électeurs qui ont déserté la gauche pour voter Bayrou est indispensable. Et si l'alliance s'avère nécessaire, elle doit se faire dans la clarté des propositions. La gauche doit en prendre l'initiative clairement, pour construire un projet compatible et en prendre le pilotage. Sinon, elle subira la caricature de l'accord : celui que l'on conclut dans le désespoir, entre deux tours...
Je ne suis pas naïf : dans ce genre d'accord, il y un cheval et un cavalier. La gauche doit choisir le rôle qu'elle entend jouer.
Un projet commun ?
Qu'on me comprenne bien : la gauche, dans son ensemble, n'est pas capable, aujourd'hui, de proposer un projet crédible à tous ceux qui ne veulent pas d'un second quinquennat Sarkozy. En dépit de l'exaspération suscitée par le président, l'UMP résiste et le PS va, contre toute attente, reculer aux européennes.
Pour gagner en 2012, la gauche doit écouter, dialoguer et proposer un projet à commun à ceux qui, en 2007, ont voté pour François Bayrou et ceux qui ( comme moi ) ont soutenu énergiquement la candidate commune de la gauche.
Ce projet pour la France ne peut être construit par des accords à la va-vite, des partages de sièges, des magouilles d'appareil au sommet entre PS et Modem.
ll s'agit bien,comme le propose d'ailleurs François Hollande, de faire état des convergences et des divergences, de s'appuyer sur les premières pour réduire les secondes. Ce dialogue concerne toute la gauche et non le seul PS.
Cette étape de construction est aussi nécessaire entre PS et Modem qu'entre PS et ses alliés naguère "naturels", mais qu'il a exaspéré par cet étrange alliage entre conservatisme, dogmatisme et divisionnite aigue qui constituent l'épouvantail socialiste.
Un PS idéologiquement en état de mort clinique, mais qui prétend, de surcroît, donner des leçons de pureté idéologique à tout le monde. A Louviers, à Evreux, j'ai proposé de rencontrer le PS et d'ouvrir le dialogue depuis des mois... J'ai rencontré Yves Léonard ( secrétaire fédéral du PS ) à cet effet.
Bien entendu, rien ne se passe. Le réveil socialiste n'est toujours pas programmé... Il risque d'être douloureux. En attendant, je dialogue avec ceux qui veulent bien dialoguer.
( Photo empruntée à PARIS NORMANDIE )