Ce dimanche, à Pitres, les électeurs étaient convoqués pour dire non au projet de plate-forme multimodale. En évitant de se déplacer pour voter, une large majorité d'électeurs a déjoué le piège ainsi tendu par le maire de Pitres, qui a perdu son pari.
Saluons le courage des cinquante trois électeurs qui ont voté pour le projet de plateforme fer-fleuve. Mais ce vote n'avait, de toute façon aucun sens, aucune légitimité. Il sera vite oublié.
Peut-on voter pour ou contre un projet qui n'est pas connu ? Peut-on voter sur une seule commune, alors que Le Manoir, voire Alizay sont aussi concernés ? Et que si un tel vote avait lieu sur l'ensemble de l'agglomération, le résultat serait certainement inversé ?
Rappelons que seule la collectivité possédant la compétence en matière de développement économique peut consulter valablement la population. En l'occurence, la CASE ou la Région.
Peut-on vouloir de l'emploi et refuser l'installation d'usines ? Vouloir des énergies renouvelables et refuser les éoliennes ? Vouloir limiter le transport par camions sur autoroute et refuser les plateformes fer-fleuve ? 600 personnes peuvent-elles décider pour - au moins - 60 000, voire pour la Région ? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la démarche de monsieur le maire.
Appeler les électeurs à voter sans savoir s'il y aura un projet multi-modal, sans savoir si ce projet est faisable techniquement, sans savoir s'il trouvera un maitre d'ouvrage et des financements, est plutôt suspect.
Suspect d'arrière-pensées électoralistes et pour tout dire démagogiques, comme a été démagogique la description apocalyptique du soi-disant projet.
A Pitres, on a pris l'habitude de se faire élire non pas sur un projet, mais contre un projet.
Il est clair que le maire de Pitres, pour faire oublier les dissensions internes à sa municipalité et l'absence de projet municipal porteur, veut produire artificiellement un remake de l'affaire du centre d'enfouissement pour ressouder ses élus et mobiliser la population derrière lui.
Il oublie ce que disait Marx : l'histoire se répéte toujours deux fois : la première fois comme tragédie, la seconde comme farce. Lorsqu'on singe la démocratie, il arrive que la démocratie se venge.